"Une journée sans écrire a toujours été pour moi une journée qui n'a pas existé.

Mon sang est devenu de l'encre."

   "J'avais trouvé cette issue - j'écrirai, j'écris - à force de solitude. À force d'écraser mes paumes et ma bouche contre la muraille des citadelles dans l'océan. Il y avait le goût du sel, du salpêtre. Le tressaillement des lourdes chaînes quand gémit le vent. Ses cornes et ses glaives. Mes poings fermés contre la muraille...

   J'avais à ma portée les mots. Ils m'ont aidé à frôler de la main les nuages. Ils existaient pour repousser les traîtrises de l'océan. Ils existaient pour faire parler l'océan. Les mots étaient l'issue. La porte vers d'autres océans où je voulais naviguer. Ramener de grands butins."

                               Hortense Dufour - "Ce que l'océan ne dit pas", Flammarion 2009.